Qui est l’abeille noire de Provence ?

On connaît de nombreuses espèces d’abeilles de part le monde. Et l’une d’entre elles est particulière au Midi de la France. Il s’agit de l’abeille noire de Provence, que les scientifiques nomment aussi Apis mellifera mellifera. Cet insecte de la famille des hyménoptères était par le passé très communément enruché par les paysans provençaux. Ils les gardaient dans des bruscs, des ruches creusées dans un tronc d’arbre. Et il était encore commun de rencontrer des nids d’abeilles dans la nature, à l’abri entre des rochers ou dans le creux d’un arbre. 

Malheureusement, l’abeille noire de Provence est bien moins abondante à notre époque. Mais tout n’est pas perdu pour autant. Cet article se propose de présenter la biologie et le riche passé de cet insecte, mais aussi les actions menées, pour en assurer sa survie.

La vie des abeilles en Provence

Les abeilles sont des insectes sociaux qui vivent en colonie et partagent un même nid. Ce nid est composé de plusieurs rayons de cire, qui sont composés de milliers de cellules conçues pour accueillir les larves, que l’on nomme le couvain, mais aussi pour recevoir les réserves de miel et de pollen.

Comment s’organise la colonie ?

Au sein de la colonie, seule la reine pond. L’essaim est donc une famille, qui rassemble une unique mère et sa progéniture constituée de plusieurs milliers d’individus. La plupart de ces abeilles sont des ouvrières. Elles ne vivent que quelques semaines, et durant leur existence, elles vont assurer successivement de nombreuses missions :  

  • nettoyer le nid, 
  • nourrir le couvain, 
  • fabriquer et stocker le miel, 
  • produire de la cire pour agrandir le nid, 
  • protéger la colonie des agresseurs 
  • et enfin butiner les fleurs pour en rapporter du nectar et du pollen. 

On retrouve aussi durant l’été, des mâles nommés faux-bourdons. Leur principale fonction est de féconder les jeunes reines, qu’ils vont rejoindre dans des lieux – les congrégations – distants de plusieurs kilomètres. Mais les mâles ont aussi un rôle à l’intérieur du nid, car ils participent à la ventilation du lieu et à la régulation de sa température en battant des ailes. Ils ne sont donc pas inactifs, comme on aime à les présenter habituellement. Toutefois, ils seront quand même chassés du nid à la fin de l’été par les ouvrières, qui ne tolèrent plus les “bouches inutiles”.

Les abeilles noires de Provence se font de plus en plus rares.

Le développement de la colonie au fil des saisons

Tout au long de l’année, la colonie d’abeilles va passer par plusieurs phases d’activités. Au printemps, la reine va pondre abondamment et en quelques semaines des milliers de jeunes ouvrières vont renforcer les rangs de la colonie. Le nid peut alors contenir plus de 50 000 individus. Très à l’étroit, une partie des insectes sera bientôt prête pour essaimer. C’est par l’essaimage que les colonies d’abeilles se multiplient. L’ancienne reine quitte les lieux avec plusieurs milliers d’ouvrières pour former un essaim. Celui-ci va se diriger vers un endroit accueillant pour y bâtir un nouveau nid. Dans l’ancien nid où l’autre partie de la colonie est restée, des alvéoles en forme de cacahuète ont été bâties. Il s’agit des cellules royales. Exclusivement nourries de gelée royale, les larves qui s’y trouvent vont devenir de jeunes reines. Mais une seule d’entre elle survivra, au terme d’un combat à mort qui l’opposera à ses sœurs. 

Le printemps est la saison des essaims, mais aussi des floraisons. La Provence est riche en espèces florales et les colonies emmagasinent une grande quantité de miel. Le miel est produit à partir du nectar des fleurs. Les abeilles parcourent de grandes distances pour visiter les fleurs des arbres et des arbustes. L’aire de butinage couvre 2 à 3 kilomètres autour de la ruche. Mais en cas de pénurie de fleurs, les abeilles peuvent parcourir jusqu’à 10 kilomètres. On estime que durant sa vie, une butineuse va parcourir environ 800 kilomètres. C’est une distance importante pour une créature qui pèse seulement un dixième de gramme. 

L’hiver en Provence, les températures peuvent être basses. La neige n’est pas rare en plaine. Il est donc difficile de butiner dans de telles conditions. Seules les zones proches du littoral permettent de visiter les mimosas. Les abeilles qui restent dans leur nid se serrent les unes contre les autres pour former une grappe. Cette masse compacte va produire de la chaleur, afin que tous les individus et surtout la reine ne souffrent pas. Durant cette période, les abeilles sont entièrement dépendantes des réserves de miel qu’elles ont constituées. Il est donc important pour l’apiculteur de toujours laisser aux colonies suffisamment de réserves, pour subvenir à ses besoins. 

Quelles sont les menaces pour les abeilles noires de Provence ?

Comme dans la plupart des régions du monde, les pollinisateurs sont menacés par les activités humaines. Les principales raisons sont :

  • L’utilisation des pesticides en agriculture
  • La modification des paysages et l’appauvrissement floristiques
  • L’introduction de parasites et de prédateurs exotiques

L’abeille noire de Provence est tout autant menacée et elle est de plus en plus rare tant dans la nature, que dans les ruches. Les apiculteurs professionnels lui préfèrent l’abeille italienne ou bien la race Buckfast, originaire d’Angleterre. Ce choix est modifié par des considérations économiques. Les abeilles italiennes sont actives plus tôt en saison et forment des colonies plus importantes, qui vont récolter davantage de miel. Les apiculteurs débutants sont souvent intimidés par l’abeille noire. Car celle-ci a tendance à être plus défensive que les autres abeilles. Ils choisissent alors de recevoir des abeilles Buckfast, particulièrement calmes.

L’abeille noire de Provence risque donc de disparaître. Mais des initiatives font leur apparition pour s’opposer à ce triste sort. L’Observatoire français apidologie – situé à Mazaugues dans le Var – travaille sur la sélection de lignées d’abeilles locales, davantage compatibles avec l’apiculture conventionnelle : productivité, docilité,… Des associations d’apiculteurs comme l’Amapi s’impliquent aussi pour favoriser le retour des abeilles provençales dans les ruchers de production. L’Amapi travaille en particulier à la création d’un conservatoire génétique localisé dans les Alpes de Haute Provence. Ce lien permettra de regrouper un maximum de lignées autochtones et d’en assurer l’entretien et la diffusion.

Quelles sont les pratiques apicoles provençales ?

En Provence, les apiculteurs du Moyen-Âge jusqu’au début du XXème siècle utilisaient des troncs d’arbre évidés – en châtaignier ou en chêne-liège – pour aménager de confortables ruches. Les provençaux nomment ces ruches, des bruscs. De telles ruches pouvaient résister de nombreuses années et la plupart des familles paysannes en possédaient plusieurs. La quantité de miel qu’ils pouvaient en tirer suffisait pour répondre aux besoins domestiques, voire pour générer des revenus complémentaires. 

On retrouve en Provence des traces de cette activité apicole traditionnelle sous la forme de constructions atypiques que l’on nomme des apiès. Les apiès se présentent comme des murs de restanque, où des loges ont été prévues pour recevoir les bruscs. Ces loges les abritent de la chaleur, du mistral et du froid. La plupart des apiès ont été abandonnés, puis détruits. Mais il en reste quelques-uns en bon état dans la région des gorges du Verdon. 

De nos jours, les apiculteurs de Provence pratiquent l’élevage des abeilles dans des ruches à cadres. Celles-ci sont d’utilisation plus pratique et peuvent aussi être transportées durant la transhumance. Car comme les troupeaux, les abeilles sont souvent déplacées d’une zone à une autre au gré des floraisons. 

Vous souhaitez soutenir l’abeille noire de Provence ?

La survie des abeilles de Provence dépend de l’implication de chacun. Et si vous êtes un apiculteur de cette belle région, nous vous invitons à rejoindre ceux qui ont décidé de lutter pour la survie de cet insecte. Quelques ruches peuvent faire la différence. Mais attention, car l’apiculture est une pratique sérieuse. Les abeilles ont des besoins et l’apiculteur doit être capable de bien entretenir ses colonies. Il faut être capable de reconnaître les parasites comme le varroa, et de lutter contre le frelon asiatique, un redoutable prédateur. 

Si vous souhaitez devenir apiculteur, vous devrez vous former auprès d’un rucher école. Mais vous pouvez commencer par acquérir des connaissances théoriques en suivant une formation à distance en apiculture (www.apiculture.idlwt.com).

Nous espérons que cet article vous aura donné envie d’en savoir davantage sur l’abeille noire, de vous impliquer pour sa protection et dans la préservation de la biodiversité. Merci pour votre lecture. Et à bientôt.

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